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118e RIT
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27 septembre 2005

Lettre du capitaine Monrozier le 27 septembre 1914. - Fontaine

[...] Notre installation à Fontaine[-lès-Dijon] est beaucoup plus confortable qu’à Pouilly, nous sommes, le colonel et moi, logés chez une vieille dame âgée de 82 ans qui est très aimable ; elle habite seule (avec domestiques) une grande et belle maison à 1 étage, qui ferait vos délices car elle est toute en longueur. Il y a au moins huit pièces au rez-de-chaussée. J’ai une grande chambre avec un petit cabinet de toilette et un bon lit dont j’apprécie la mollesse après la dureté de celui de Pouilly. Dans ma chambre il y a deux berceaux réservés à des neveux ou arrière petits-neveux. A mon arrivée le valet de chambre s’en est excusé, me disant qu’à la rigueur on pourrait les monter au grenier. – Je lui ai répondu que j’en avais tellement l’habitude que ce meuble serait pour moi plutôt une compagnie.
[...]
Le général vient d’assister à notre musique dominicale et il nous a donné d’excellentes nouvelles des armées. Il paraît que l’enveloppement d’une partie de l’armée allemande est bien avancé, mais le public ne le saura pas avant trois ou quatre jours.
Pas reçu de nouvelles de Joseph depuis celles datant du 18, mais cela n’a absolument rien d’inquiétant, il en est de même de tous ceux qui sont aux armées.
Pour nous, ma chère Li, il est moralement certain que nous ne bougerons pas d’ici avant l’investissement de Metz et Strasbourg. C’est à dire autant qu’on peut en juger avant le 20 octobre au plus tôt, et encore ce n’est qu’une hypothèse, car le régiment ayant été très affaibli par le prélèvement de 1 200 hommes qu’on nous a fait subir la semaine dernière pour renforcer le 21ème corps et comme d’autre part notre dépôt n’a plus les ressources suffisantes en hommes pour re-compléter notre effectif, il est très possible qu’on nous laisse moisir tout l’hiver à Dijon. J’avoue que je serais un peu honteux de passer toute la campagne sans seulement entendre le canon. Enfin, il en sera ce que le Bon Dieu voudra.
Je suis allé ce matin à la messe de Fontaine dans une très jolie église romane. Ce sera plus facile d’y aller ici qu’à Ruffey où j’étais obligé de faire 4 à 5 kilomètres à cheval par de mauvais chemins.
Je vous recommande bien ma chère Louise d’aller voir aussi souvent que possible ma pauvre maman qui doit broyer du noir ; quand vous ne pouvez pas le faire vous même ; envoyez les enfants comme vous l’avez déjà fait cette semaine. – J’espère que Cicéron se rétablit et pourra vous conduire, au besoin qu’il prenne le gros manteau de Joseph.

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